
1911 - Apollinaire publie son premier recueil de textes poétiques : le Bestiaire ou Cortège d'Orphée. La fin de son impression a lieu le 15 mars. C'est l'imprimerie Gauthier-Villars qui réalise l'ouvrage sur ses presses à bras. Cette impression grand format (330 x 250 mm in-4° non-paginé) est d'abord éditée pour les bibliophiles : tirage de 120 exemplaires signés par Apollinaire et Dufy. C'est Deplanche qui en assure l'édition. En effet Dufy réussit à convaincre cet éditeur en juillet 1910 avec en appui l'article de La Palette qui signe la rubrique "Courrier des ateliers" du quotidien Paris-Journal consacré à la défense des illustrateurs face au peu d'estime que leurs réserve alors les éditeurs et libraires. Raoul Dufy gère avec l'éditeur et l'imprimeur la réalisation de l'ouvrage.
Constitué de quatre parties introduites par Orphée, le Bestiaire est composé de quatrains (sauf exception) au dessus desquels apparaissent les bois de Dufy. Orphée, le musicien, présente en chef d'orchestre les animaux qui le suivent : les "terrestres", les "aquatiques", les "volants", les "aériens". L'œuvre est emprunte des traditions antiques ; Orphée apparaît même sous les traits du Christ dans l'introduction de la troisième partie, ce qui est souligné par la gravure dans laquelle est présent le mot ιχθυς, "poisson" en grec.

1910 - Apollinaire, dans sa correspondance du 29 août avec Raoul Dufy, envoie la table complète, ainsi que ses derniers poèmes, soit les 30 poèmes du Bestiaire. Il y note la suppression du poème Le Condor, remplacé par Le Serpent "parce que trop libre". Il termine sa lettre par un encouragement : "Je suis certain qu'avec votre art que vous possédez bien et votre culture, un idéal vous transportera et que le résultat de votre travail sera merveilleux". Aussi, le post-scriptum contient une indication quant à la réalisation du "logo" de l'éditeur : "Pour marque de notre éditeur, j'ai trouvé ceci un Δ traversé par une licorne avec la devise : — J'émerveille".
En décembre, Apollinaire rédige ainsi le prospectus pour la souscription du Bestiaire :
"Ce recueil, très moderne par le sentiment, se lie étroitement par l'inspiration aux ouvrages de la plus haute culture humaniste.
Le même esprit qui inspira le Poète anima l'Illustrateur Raoul Dufy, qui est, comme on le sait, ../..

../.. un des plus originaux et des plus habiles réformateurs des arts dont s'honore la France actuelle.
L'impression sur les presses à bras est une opération fort lente et qui exige beaucoup de soins. Elle seule donne des résultats parfaits.
Les bibliophiles, amateurs des lettres et des arts sauront gré à l'éditeur Deplanche de leur offrir un livre dont le belle exécution typographique leur est garantie par la renommée de la Maison Gauthier-Villars.
Le Bestiaire ou Cortège d'Orphée sera digne d'être regardé comme un des plus beaux et plus rares livre de notre époque".
1918 - Raoul Dufy, dans sa correspondance du 6 novembre, propose à Apollinaire les corrections du Bestiaire édité par La Sirène. Edition en format réduit (190 x 140 mm) et plus populaire avec un tirage de 1250 exemplaires. L'impression de cette deuxième édition est faite à noël 1918.