
1918 - Apollinaire publie son dernier recueil de textes poétiques : Calligrammes, poèmes de la paix et de la guerre 1913-1916. La fin de son impression a lieu le 15 avril.
1914 - Le poète belge Fagus interpelle Apollinaire, dans un article de Paris-Midi, à propos des calligrammes : "Mais c'est vieux comme le monde, la machine de ce farceur d'Apollinaire ! C'est proprement la poésie figurative, qui fit les délices de nos ancêtres ! Le Verre de Panard est dans tous les dictionnaire de littérature, sans parler de la Dive bouteille de Rabelais !"
La réponse d'Apollinaire : "Je suis habitué à ce que l'on me traite de farceur et de pis. Cela ne me gêne plus. […] J'ai cherché avec mes idéogrammes à retrouver une forme qui, sans être le vers libre, ne retombait pas dans le vers dit classique. Mes images ont valeur d'un vers. Ils ont une forme typographique ou lapidaire déterminée (ainsi que non seulement le vers, mais encore la strophe, le sonnet, le rondeau, etc.) ce ne sont donc plus des vers libres et ce ne sont points les vers réguliers dont pour ma part je suis las. Remarquez que je ne me force point à m'en priver et ils peuvent fort bien entrer avec la rime dans mes figurines. Je crois la tentative originale, en dépit de Rabelais, de Panard, de Mallarmé."

1918 - Le recueil Calligrammes est composé de six parties : "Ondes", "Étendards", "Case d'armons", "Lueurs des tirs", "Obus couleur de lune" et "La tête étoilée". Sa composition a été faite pendant la guerre, mais les poèmes ne datent pas tous de cette période. Certains sont d'avant-guerre. La genèse du recueil a été longue. Apollinaire avait sans doute l'idée d'un tel livre avant la guerre. Après sa blessure, en 1916, il se met à l'écriture de ce qui deviendra Calligrammes.
L'ordre des poèmes dans le recueil a évolué pendant toute la période de création de l'œuvre.
Parmi les nouveautés de ce recueil, il y a certes le calligramme, mais aussi l'utilisation de l'écriture manuscrite. Ainsi grâce au procédé du cliché, qui permet d'imprimer les manuscrits d'Apollinaire.
Le cliché est une planche métallique portant en relief la reproduction d'une composition typographique ou d'une image.

Aujourd'hui - La lecture d'un calligramme est déstabilisante : d'abord on voit un dessin, comme un tableau, puis il faut le lire. Mais par quel bout commencer ?
On cherche un indice, une majuscule, un point. La traduction d'un calligramme n'est pas chose facile non plus. Le lecteur devient acteur, après avoir été spectateur. Une fois que l'on commence la lecture, on suit un sens, mais est-ce le bon ?
Apparemment, il n'y a pas de règle de lecture, de gauche à droite, de haut en bas.
Les éditions ne facilitent pas la lecture de certains calligrammes, ceux qui sont hors format classique.
Est-ce que la forme vue est porteuse de sens ? La transcription du calligramme a-t-elle le même sens ?
Apollinaire sème une fois de plus le trouble et brouille les pistes…